
Ce jeudi 2 avril 2020, le gouvernement togolais a déclaré l'état d'urgence sanitaire dans le pays. Par le décret N° 2020-022, le Président a gracié 1048 détenus condamnés en fin de peine.
Cette mesure exceptionnelle a été prise en réponse à la propagation de l'épidémie Covid-19 au Togo et afin de prévenir une éventuelle contamination au sein des prisons.
Comme il a été rappelé dans l'article précédent (article du 2 avril 2020), la surpopulation carcérale est une des problématiques notoires du système carcéral togolais. Les prisons togolaises présentent un taux d'occupation de 186%, parmi lesquels 63% des personnes incarcérées sont des prévenus.
Invitée par la Direction de l'Administration pénitentiaire à participer à une réunion pour organiser la gestion de la crise sanitaire au sein des prisons togolaises, la SMPDD a, entre autres, proposé la libération anticipée des détenus en fin de peine ainsi que la remise en question du large recours à la détention préventive.
Néanmoins, si la libération de ces 1048 détenus doit être saluée, d'autres défis doivent être relevés.
L'état d'urgence sanitaire a été annoncé pour trois mois et, bien que nécessaires, nombre des mesures prises - telles que l'isolement des villes et la restriction puis l'interdiction des visites en prison - ont des conséquences dramatiques sur les détenus et ex détenus des prisons du Togo. Sur le plan de la réinsertion, l'état d'urgence sanitaire entrave la réintégration des ex-détenus dans l'économie togolaise, formelle comme informelle.
La situation requiert donc, comme partout dans le monde, que la société civile et les acteurs publics se mobilisent.
Parmi les détenus libérés, 454 sont sortis de la Prison civile de Lomé. Ainsi, la SMPDD, disposant d'un centre de transit situé dans le quartier de Bè à Lomé, a été sollicitée par l'Administration pénitentiaire pour venir en aide à 53 détenus libérés se trouvant soit dans l'incapacité de rejoindre leurs proches habitant dans d'autres villes du pays, soit n'ayant aucun proche susceptible de les aider. L'association SMPDD a donc dà» assumer la charge de ces 53 personnes et s'organise afin que leur libération anticipée ne soit pas synonyme de perte de repères et de récidive.
En effet, laisser ces détenus nouvellement libérés sans domicile et prise en charge adéquate, aurait pour conséquence de les obliger à vivre dans des conditions indignes au sortir de la prison et représenterait un risque social d'ordre sécuritaire. Que cette menace soit réelle ou seulement perà§ue par les habitants de la ville de Lomé, o๠tous sont actuellement confinés en raison de l'épidémie de COVID-19, il est primordial que toutes les mesures permettant d'endiguer ce risque soient prises dans les plus brefs délais.
La SMPPD a rencontré des difficultés pour loger, nourrir et prendre en charge médicalement les 53 ex-détenus. A titre d'exemple, la SMPDD a dà» réaménager une partie de ses locaux et acheter du matériel pour fournir à ces personnes un logement décent.
L'association a donc sollicité l'Administration pénitentiaire togolaise et d'autres acteurs publics et privés, à même de leur venir en aide.
C'est ainsi qu'après une visite au centre de transit nouvellement aménagé pour l'accueil de ces personnes, l'Administration pénitentiaire a apporté un soutien prenant la forme d'une assistance médicale et de dons divers et conséquents : une cinquantaine de sacs de riz de 50 kilos, une trentaine de bidons d'huile, des cartons de viandes et de concentré de tomate, des produits d'entretien, des habits, des sachets d'eau….
En parallèle, au sein des prisons, des mesures ont également été prises pour pallier l'interdiction des visites. En effet, l'administration fournissant habituellement un seul repas par jour, celui-ci est complété par les familles de détenus (ayant la possibilité et la capacité de le faire) par les denrées que celles-ci peuvent leur apporter. Au vu de la situation, l'Administration pénitentiaire s'est engagée à fournir deux repas journaliers.
Concernant les besoins en matière d'hygiène, comme l'augmentation des quantités de savons fournies par l'administration, la question est toujours à l'étude.
La SMPDD tient à saluer la décision du Gouvernement, du Ministère de la Justice et du Directeur des Prisons Civiles du Togo. L'association remercie également ses bénévoles de leur investissement dans cette crise.