A titre liminaire, la SMPDD souhaite attirer une nouvelle fois l'attention de l'Administration pénitentiaire sur la surpopulation carcérale au sein de toutes les prisons civiles du Togo. En effet, celle-ci est susceptible d'aggraver les conséquences d'une intrusion de la pandémie dans les prisons. Nous recommandons de reconsidérer le recours à la détention préventive pendant la période de confinement et au delà . En outre, comme cela a été décidé en France, la SMPDD sollicite la libération des personnes effectuant des courtes peines pour des délits mineurs.
La SMPDD souhaiterait ensuite que toutes les visites extérieures, de la famille et des intervenants soient interdites au sein des prisons civiles du Togo tout en assurant les besoins primaires des détenus, notamment concernant leur alimentation, grà¢ce à une prise en charge exceptionnelle de l'Etat.
Consciente des efforts financiers que cela demande à l'Etat, la SMPDD émet les propositions suivantes pour éviter la propagation du virus dans les prisons sans qu'aucun préjudice, hormis la privation temporaire de contact avec les familles, ne soit subi par les détenus.
La SMPDD précise que toutes ces mesures sont valables pour les déplacements des détenus comme du personnel pénitentiaire à l'hôpital.
Interdiction des visites et des parloirs et prise en charge par l'Etat d'au moins 1 plat supplémentaire par jour et par détenu :
Cette mesure est celle qui présente le plus de sécurité pour éviter le risque de contamination. Toutefois, ce risque ne doit pas être négligé par les prestataires extérieurs auxquels l'Etat ferait appel pour ce repas supplémentaire. En effet, si du personnel se charge de la préparation des repas au sein même des prisons, celui-ci doit être soumis aux mêmes mesures de sécurité que les membres de l'administration pénitentiaire (prise de température, lavage de mains, port de gants, de masques, de bonnets)
Si toutefois elle ne peut être mise en place, la SMPDD recommande d'adopter le maximum des mesures suivantes :Â
Autorisation des visites avec mesures préventives : désinfection des mains à l'entrée mais interdiction des parloirs, port de gants, et de masque obligatoire, tout en respectant une distance d'un mètre minimum avec les membres de l'administration pénitentiaire.
Les familles des détenus pourraient ainsi déposer de denrées alimentaires sous réserve qu'elles soient porteuses de gants, qu'elles se soient désinfectées les mains et qu'elles soient porteuses d'un masque.
Les sacs pourraient être déposés à l'entrée de la prison, puis transmis par le personnel pénitentiaire, lui-même porteur de gants, ayant à disposition du gel hydroalcoolique, et sans avoir eu de contact à moins d'un mètre avec les familles.
La SMPDD rappelle également que le Coronavirus reste sur les cheveux et les vêtements, elle recommande donc de mettre en place un vestiaire pour tous les membres de l'Administration pénitentiaire travaillant dans la prison. Le vestiaire leur permettrait ainsi de se changer à l'entrée de la prison afin d'enfiler une tenue qui n'est pas susceptible d'avoir été contaminée pendant que personnel se trouvait à l'extérieure de la prison, dans le cadre de sa vie privée. En outre, des bonnets ou capuches devraient être enfilés.
Dans le meilleur des cas, une douche pourrait être mise à disposition, avec du savon et du gel hydroalcoolique.
Interdiction d'entrée pour TOUS les intervenants extérieurs (associations, psychologues) et suspension des activités
Eviter au maximum les contacts entre les détenus et le personnel pénitentiaire (greffiers, régisseurs, secrétariat etc...). Les SAP devraient être les seuls à entrer dans la prison, sauf cas d'urgence ne pouvant être traité par eux. Lorsqu'ils sont amenés à entrer en prison au contact des détenus, ils devraient appliquer les gestes barrières (désinfection des mains en gardant une distance d'un mètre, ou lorsque cela n'est pas possible, prévoir une tenue couvrante type blouse, masque, gants).
Mise en place d'un « SAS de désinfection » : salle se trouvant entre la partie extérieure de la prison et la partie intérieure, dans laquelle un membre de l'Administration pénitentiaire serait chargé de désinfecter, à l'aide d'un chiffon et de javel, et muni de gants, chaque surface des plats qui sont amenés aux détenus. Le but étant d'éliminer les germes susceptibles de rester sur les sacs alimentaires.
   5. Sur les mesures d'hygiène à adopter
Prévoir des mesures ponctuelles permettant d'améliorer les taux d'humidité dans les prisons, susceptibles d'aggraver les problèmes respiratoires et donc augmenter le risque létal du Coronavirus
Augmenter les stocks de produits d'entretien, fourniture de masques, de gants et de gels hydroalcooliques
Aucun objet ne devrait être transmis d'un membre de l'Administration à un détenu ou entre membres de l'Administration (stylos par exemple) sans que l'objet n'ait été désinfecté
Désinfection régulière des clés et du matériel (ordinateurs, bureaux, chaises, poignets de portes etc...)
Tous les membres de l'Administration pénitentiaire devraient prendre leur température à l'entrée et à la sortie de la prison et se laver les mains TOUTES LES HEURES
Il en va de même pour toutes personnes entrant au sein de la prison.
La SMPDD rappelle que l'information et la sensibilisation des détenus et du personnel de l'Administration reste le meilleur moyen de rendre la prévention efficace.
La SMPDD adresse son soutien à tous les membres du personnel pénitentiaire et aux détenus pour cette période de confinement dont les répercussions dans le milieu carcéral sont préoccupantes.